C’est l’histoire d’une petite rivière qui coule et garde et emporte ses secrets
d’Infini et d’Eternité. Nous ne pouvons voir son voyage. L’eau de là est à notre portée mais nous échappe entre les doigts.
Pourtant ses gouttes nous désaltèrent et nous mouillent d’une agréable bruine avant de s’évaporer dans le passé.
Ai-je déjà essayé d’arrêter l’eau de la rivière qui coule devant moi ?
Ai-je déjà essayé d’arrêter le cours de mes pensées qui coulent en moi ?
Mon regard s’attache à ce liquide qui coule sous mes yeux, mais ne le retient pas
Mes yeux fixent un point qui déjà n’est plus
Laissons l’eau de la rivière s’écouler
Regardons là qui se liquéfie toujours claire et transparente
Calmement ou tumultueusement
Elle court sur les cailloux, les fonds rocailleux
Elle arrache, elle déplace, elle fracasse
Elle caresse, elle se balade, elle effleure le rivage
Des impuretés lourdes se déposent au fond
Les légères s’enfuient au fil de l’eau
Les jours filent, l’eau n’a pas d’âge
Elle me regarde vieillir sans rien dire
Notre temporalité ne l’intéresse pas
Nos jours sont emportés vers l’aval
L’eau est cette matière fluide, imprenable,
froide, parfois glaciale, parfois tempérée
elle ne reste jamais en place,
sauf quand elle se fige sous des degrés qui me glacent
Elle passe devant moi sans m’attendre
et se jettera plus loin dans l’océan
Là où se rejoignent l’Alpha et l’Oméga
Dans l’eau de là.
Sans me demander pourquoi ?