Mais d’où parles-tu ?

Tous les jours, nous sommes en relation avec des personnes qui nous interrogent, nous interpellent, nous sollicitent, nous demandent, nous scrutent ou parfois qui se font enquêtrices. Heureusement la plupart du temps nos échanges se passent de manière tranquille et bienveillante. Pas besoin de « tourner trois fois la langue dans sa bouche » avant de répondre. La conversation est spontanée et fluide.
Mais lorsqu’ une tension, un point de vue différent, un enjeu de taille vient se mettre en travers, chaque parole est à risque et devient importante voire dangereuse. Là il est essentiel de savoir prendre son temps avant de répondre. Là il faut absolument tourner la langue dans sa bouche avant de dire ce qui nous passe par la tête.
Notre bouche est parfois vive à réagir, quitte à le regretter par après. Mais c’est dit et ça peut faire mal ! Notre esprit est un champion de la représentation mentale. Il fabrique avec une aisance invraisemblable des scénarios extravagants. Il lui arrive de faire des amalgames étranges de tout ce qui traînent comme informations et images, souvent non vérifiées, dans notre tête. Le résultat peut alors être effarant. Nous devons nous en méfier. Nous devons nous méfier de nous-même lorsque nos certitudes sont dogmatiques ou que nous avons l’impression de détenir La Vérité . Dans ces cas un clignotant rouge devrait s’allumer dans notre tête ! Les représentations mentales peuvent devenir un poison aussi puissant et dangereux que le mensonge. Ce mécanisme mental, souvent inconscient, peut entraîner des réactions incontrôlables. La médisance et la suspiscion en sont alors les fruits vénéneux et douloureux.
C’est à nous de travailler, en pleine conscience, les filtres de nos pensées qui engendrent des paroles et de actes impulsifs.
Une simple question, à nous même, peut nous aider et nous éviter de glisser sur un terrain difficile : « D’où est-ce que je parle ? » Est-ce que je parle à travers ma propre expérience ? Est-ce que parle au nom d’un groupe ? D’une position sociale ? D’une minorité ? D’une famille ? Est-ce que je parle à partir de mes blessures ? de mes fractures ? de mes frustrations ? de mes colères ?
Lorsque je peux répondre à cette question, qui interroge également mes émotions, mes paroles et mes réactions auront du poids et sonneront plus justement.
Entraînons-nous régulièrement à nous interroger : « D’où est-ce que je parle maintenant ? »


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