« Les seules pensées valables viennent en marchant » écrivait Nietzsche.
Ils sont nombreux à s’y être adonnés. Des surréalistes qui tentèrent d’écrire en marchant, à Aristote bien avant eux, qui enseignait en déambulant. Ce qui valut à son école de philosophie le qualificatif de « péripatéticienne » qui vient du grec ancien « qui aime se promener en discutant ».
Vu de l’extérieur on pourrait croire que la marche ne met que les pieds en mouvements. Eh bien pas que ! Notre regard et notre esprit participent pleinement aux déplacements. Ils peuvent ainsi voir du pays, s’évader et ainsi entrainer le corps vers des espaces nouveaux… à moins que ce ne soit le contraire !
La marche canalise et évacue les hormones du stress. Elle maintient le corps en action et l’esprit en alerte. Je suis vigilant.e (même inconsciemment) à chaque pas pour ne pas tomber ou me blesser. Elle ne distrait pas l’esprit, elle donne des ailes à mes pensées et aère mon cerveau, au sens propre comme au sens figuré.
La marche ou la promenade, selon le rythme de mon pas, favorisent la concentration et la création et encore davantage lorsque je m’y adonne seul(e) dans un jardin, dans la nature, sur une longue plage, sur des sentiers à la campagne ou dans la forêt… En oubliant mon portable à la maison bien sûr !
Une seule condition est requise : posséder deux jambes et deux pieds en état d’avancer…même fatigués ou légèrement abîmés ! Grâce à eux mon corps et mon esprit avancent dans une même direction.
Petite ode à mes pieds
Mes deux pieds touchent le sol
Pieds nus ou dans mes souliers ils foulent la terre.
Ils me connectent à la réalité d’en bas.
Toute ma verticalité s’appuie sur eux.
Je les sens bien quand ils se déroulent de mes talons jusqu’au bout de mes dix orteils
Mes petits coussinets à l’avant aiment être massés à chaque pas, surtout les pieds nus !
Ils m’emmènent là où je veux aller sans faire de manière.
Que je courre ou que je marche mes pieds m’accompagnent
Que j’avance ou que je reste immobile ils sont là.
Ils sont le socle stable de tout mon corps
lorsqu’à l’arrêt je m’enracine dans le sol.
Mes chers pieds sont en couple et inséparables.
Quand l’un des deux a mal l’autre est là pour le secourir.
Ils vont l’amble sans gémir, sans me poser de question.
Ils terminent mes jambes dans mes pantoufles, mes baskets ou mes escarpins !
Ils s’animent et m’emmènent là où je veux aller.
Que je leur demande d’avancer vite ou lentement,
De courir ou de trainer,
Que je leur demande de lambiner de sauter ou de danser
De faire des pointes ou des bonds
Ils avancent avec moi dans ma vie.
Sans me poser de question ils m’écoutent,
Me devancent ou me suivent.
Infatigables et fidèles compagnons
Je les aime mes deux petits pieds et j’en prends soin…
Allons, déambulons, marchons, promenons nous, courons, grimpons, dansons…
Bougeons !
« Je suis un piéton sur cette terre, rien de plus » Arthur Rimbaud