Nos mémoires mènent la danse !

L’univers de nos différentes mémoires est passionnant.
Depuis des millénaires le cerveau humain change, évolue et s’adapte selon son environnement. Lorsqu’il est en bonne santé il est bel et bien le maître du jeu. Comme la découverte de nouvelles galaxies dans l’univers, notre cerveau possède une infinité de mystères et de potentialités inexplorés.
Notre cerveau humain est une vraie caverne d’Ali Baba qui appartient à notre sphère privée. Il contient des profondeurs abyssales, une multitude de cachettes même inconnues de nous avec d’innombrables possibilités d’apprentissages, de chemins neuronaux qui se regénèrent, qui se réparent tout au long de notre vie. On appelle cela la plasticité cérébrale. Il possède une multitude de connexions (de synapses) qui nous permettent de réfléchir, de nous connecter aux autres formes de pensée, de nous projeter dans le temps et de nous souvenir. Ces connexions sont multidimensionnelles et multidirectionnelles, elles s’inscrivent dans un passé, un présent et un futur. Un temps personnel et collectif.
Nos mémoires s’originent dans notre cerveau mais se manifestent dans notre corps. Grâce à elles nous pouvons conceptualiser et ressentir la continuité du temps qui coule, sa chronologie et sa fluidité en lien avec notre corps qui vieillit et le point fixe de notre conscience dans l’instant présent.

Après avoir évoqué nos différentes mémoires dans un article précédent, je choisis délibérément aujourd’hui de vous parler des deux formes de mémoire suivantes :
Lorsque la mémoire émotionnelle se loge dans la mémoire à long terme.
Les différentes formes de mémoire reposent sur l’histoire singulière depuis la toute petite enfance de chacun d’entre nous ainsi que sur notre faculté perceptivo-sensitive acquise à travers toutes nos expériences de vie, agréables ou non. Toutes les informations emmagasinées, tous les souvenirs qui remplissent nos cases « mémoire » sont plus ou moins profondément enfouies et stockées. Lorsque nos souvenirs sont plaisants ils ne nous perturbent pas plus que cela, nous en profitons pour aller de l’avant.
Mais c’est notre mémoire traumatique qui nous empêche souvent d’avancer. Elle joue le rôle de garde fou pour nous protéger un certain temps jusqu’à ce que resurgissent les souvenirs douloureux faisant suite à un choc, une émotion forte, un STRESS, une peur refoulée .
Il est alors essentiel, lorsque survient un souvenir douloureux ancien ou récent, d’en parler avec une personne de confiance, de consulter un.e thérapeute, pour que l’évènement blessant ne reste pas coincé comme un caillou tranchant, dans le corps, dans l’esprit et dans l’âme. Peut alors commencer le travail de résilience pour continuer son chemin de manière satisfaisante.

La mémoire de travail
La majeure partie du temps nous utilisons notre mémoire de travail sans y prêter attention. Et pourtant c’est dans notre cortex préfrontal que s’activent des connexions bien spécifiques pour arriver à faire le travail utile que je souhaite accomplir. Lorsque nous faisons un effort mental volontaire dans un but bien précis ou que nous nous entraînons avec une attention soutenue notre cerveau est capable de prouesses étonnantes.
Lorsque je fais l’effort organisationnel de faire un planning ou bien de retenir une liste d’objets ou de mots (une poésie), de chiffres (n° de téléphone, des dates), de noms (de villes, de pays, de personnages) ou d’évènements (historiques) qui sont étrangers à ma propre existence, tous ces apprentissages de mémorisation sont possibles grâce à notre mémoire de travail. Elle synchronise de manière active les ondes cérébrales et les régions du cerveau concernées (le cortex préfrontal, les champs oculaires frontaux, les zones intrapariétales latérales).
Nous comprenons bien que cette belle organisation ne peut être envisagée sans le soutien inconditionnel du corps tout entier.
Lorsqu’il est sollicité, consciemment et inconsciemment, notre cerveau – tout comme notre corps en entier avec nos muscles, nos os et tous nos organes internes – consomme une grande quantité d’énergie pour accomplir les tâches de réflexion, de mémorisation et de restitution des connaissances, d’analyse des données…
N’oublions pas que ces deux là dialoguent ensemble, jour et nuit et qu’ils se chauffent d’un même bois !
Lorsque certains nutriments viennent à manquer dans notre corps, ils manquent également dans notre cerveau … la production des neurotransmetteurs (dopamine et sérotonine entre autres) en souffre. Ces carences peuvent entraîner une fatigue inhabituelle, un système immunitaire affaibli, une lassitude mentale voire une dépression.
Alors prenons soin de notre cerveau
– en nous oxygénant correctement (avec la respiration de pleine conscience),
– en nourrissant notre esprit de manière sélective et appropriée,
– en alimentant notre corps avec des nutriments riches en vitamines et minéraux, etc…
– en faisant très très régulièrement de l’exercice physique,
– en ayant des relations positives et constructives avec autrui !

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Pour la petite histoire … qui est immense pour nous aujourd’hui !
Depuis des siècles les hommes se passionnent au fonctionnement du cerveau humain, en cherchant à expliquer la manière de penser, d’agir, d’interagir, la façon de se souvenir, de se remémorer un évènement. Ils ont cherché à sonder les arcanes de la mémoire humaine de manière intuitive, philosophique, clinique ou scientifique…et ce n’est pas fini !
En 450 av. J-C Platon propose la théorie de la mémoire et de la réminiscence
En 50 ap J-C Sénèque préconise des exercices pour entraîner la mémoire
En 1885 Ebbinghaus s’intéresse à l’effacement de l’information dans le cerveau (« La courbe d’oubli »)
En 1890 James William définit la mémoire primaire et secondaire
En 1932 Bartlett publie « Remembering », se souvenir. Etude clinique et psychologique
En 1956 Miller propose un nombre magique 7 pour la durée de la mémoire.

En 1970 mise à jour de la notion mémoire de travail.
En 2018 Earl Miller et son équipe (chercheurs du MIT) constatent que nos capacités mémorielles sont limitées mais infinies dans la durée.

Et ce n’est pas fini ! Tous les jours les chercheurs découvrent des nouveaux chemins neuronaux et cognitifs pour soigner les cerveaux malades et pour expliquer nos troubles… Depuis quelques années des chercheurs interdisciplinaires allient la psychologie et la recherche fondamentale pour essayer de mieux comprendre certaines manières de penser et d’agir.
Peut-être trouveront-ils un jour la potion magique pour que les humains vivent en meilleure harmonie ensemble sur cette terre !
Espérer fait partie d’une des capacités majeures de notre cerveau !

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